Ce mercredi j’étais assez bien le matin, je suis allée faire une marche en écoutant un podcast de Jean Claude Ameisen sur la relation mère enfant et c’était passionant. J’ai appris notament qu’avec la naissance d’un enfant le cerveau de la mère se modifie. L’accouchement implique chez la mère des changements au niveau du Cortex et de la matière grise. Pour les besoins de l’étude, 6 mois après leur accouchement des mères ayant eu un scan avant et aprés la naissance de leur premier enfant, ont rempli un questionnaire pour évaluer leur degré d’attachement affectif et émotionel à l’enfant. Les réponses à ce questionnaire montrent que : plus les changements au niveau du cortex visibles sur les scan sont importants après la naissance et plus le degré d’attachement mesuré par le test est important.
Ameisen a cité une autre étude de 2015 qui fait le lien entre une moindre épaisseur du cortex cerebral dans certaines régions du cerveau chez des adultes jeunes et une plus grande capacité à interpréter les intentions ou les états mentaux des autres, bref une plus grande capacité à se mettre à la place des autres, soit une plus grande capacité d’empathie.
Je pense que cette émission m’a d’autant plus interessée que depuis que je suis malade (désolé je n’arrive pas vraiment à parler de cancer) je suis le témoin malgré moi de tout un tas de manifestations d’empathie à mon égard (ou pas du tout de manifestation d’ailleurs). De nombreuses études montrent que l’empathie a un effet positif sur les malades, qu’il s’agisse de celle du personnel soignant qui va écouter le malade à celle des amis et de la famille qui vont prendre le temps d’envoyer un petit mot de soutient ou de passer un coup de fil pour nous écouter.
Je suis toujours trés touchée par les petits mots ou les longues lettres que je reçois, généralement les vendredi sont trés actifs de ce côté là car on me demande si ça s’est bien passé, si je ne suis pas trop fatiguée, si j’ai besoin de quelque chose, si je veux boire un café … bref ça me touche et ça m’aide beaucoup à garder le cap. Garder le cap sur l’objectif final qui est de guerrir et qui peut parfois se perdre au milieu de toutes les émotions négatives qui nous entourent quand on se bat contre une maladie qui tue une personne sur 4 et quand on ne veut pas être cette personne. Or sans l’attention et l’amour de ses amis et de ses proches ont peut vite perdre de vue le cap qu’on s’est fixé au premier jour du traitement et baisser les bras.
Alors évidement je suis courageuse et je suis forte mais je ne connais personne qui ne le serait pas à ma place car la vie ne laisse pas le choix. Cependant il ne s’agit pas du même courage (du vrai courage selon moi) qui pousse une personne à sauter à l’eau pour sauver un inconnu ou des enfants menacés par un danger imminent. Ce courage dont je fais preuve c’est plus une sorte de pudeur qui me conduit à continuer ma vie (presque) comme si de rien n’était pour ne pas risquer de confronter les autres à leur peur de la maladie et de la mort. C’est un courage qui à son revert car à ne pas vouloir embarasser les autres avec mes petits bobos et mes angoisses je peux vite perdre une empathie si précieuse et si nécessaire à la (guérison) rémission.
J’ai fait aujourd’hui mon 8ème traitement par intraveineuse et je suis tout juste à la moitié de la chimiothérapie, il y aura une lumpectomie (si tout va bien) puis une vingtaine ou une trentaine de rayons et enfin toutes les 3 semaines pendant un an une demi heure de perfusion. Le 26 juin 2020 on saura si je suis effectivement une survivante.
Le chemin est long, le chemin est difficile mais je pense que ça vaut le coup.
Let’s keep going.